Parkinson : entre science et croyances, un arc-en-ciel de thérapies

Dans le monde de la maladie de Parkinson, les traitements sont souvent présentés de façon binaire : d’un côté la médecine « classique », validée par la science, de l’autre les thérapies dites « complémentaires et alternatives » (CAT). Pourtant, la réalité est bien plus nuancée.
Comme le soulignent Alonso-Canovas, Dekkers et Bloem (2025) dans leur article Shades of grey: The continuum of therapies for Parkinson’s disease along the spectrum of credibility, il existe un véritable continuum de crédibilité, allant du noir au blanc, avec de nombreuses nuances de gris.

Un intérêt croissant pour les thérapies complémentaires

Des traitements bien établis comme la lévodopa côtoient ainsi des approches en zone grise : yoga, tai-chi, art-thérapie, Mucuna pruriens… Certaines ont des bases scientifiques prometteuses, d’autres reposent davantage sur l’expérience personnelle ou culturelle. Les auteurs appellent à un débat ouvert mais rationnel, pour que patients et soignants puissent décider ensemble, en toute transparence, des options les plus pertinentes.

De plus en plus de personnes vivant avec la maladie de Parkinson (PwP) recourent aux CAT : acupuncture, yoga, méditation, nutrition, danse, Mucuna pruriens, etc.
Dans certains pays asiatiques, plus de 70 % des patients y ont recours, et même en Europe ou aux États-Unis, on estime que 30 à 60 % d’entre eux les utilisent. Les raisons sont multiples :

  • recherche d’une approche plus holistique et personnalisée ;
  • envie d’être acteur de sa santé ;
  • recommandations par d’autres personnes malades ;
  • parfois, déception vis-à-vis des traitements conventionnels.

Le concept de « crédibilité »

L’article d’Alonso-Canovas et al. (2025) propose de juger une thérapie selon trois dimensions :

  1. La logique scientifique : correspondance avec les connaissances médicales.
  2. Les preuves disponibles : qualité et quantité d’études.
  3. La perception des patients : ressenti, confiance, vécu positif.

Ainsi, certaines thérapies peuvent avoir une forte crédibilité scientifique et clinique (comme la lévodopa), d’autres être faibles sur ce plan mais très appréciées par les patients (comme certaines pratiques artistiques), et d’autres encore cumuler peu de preuves et peu de logique (comme certaines « cures » exotiques).

Des exemples sur le spectre

  • Extrémité blanche : lévodopa, stimulation cérébrale profonde, exercice physique régulier.
  • Nuances claires : tai-chi, tango, méditation, yoga – bonnes raisons scientifiques et bénéfices documentés.
  • Nuances moyennes : Mucuna pruriens, certaines plantes de la médecine traditionnelle – efficacité plausible mais qualité variable et manque d’essais robustes.
  • Extrémité noire : traitements coûteux et non prouvés, comme certaines thérapies cellulaires vendues sur Internet, ou produits inefficaces (vitamine E, coenzyme Q10).

Pourquoi cette vision est utile et importante

Plutôt que d’interdire ou de cautionner aveuglément, cette approche permet :

  • d’informer clairement les patients sur où se situe chaque thérapie ;
  • éviter les thérapies coûteuses ou dangereuses sans bénéfice réel.
  • de favoriser le dialogue entre patients et soignants ;
  • valoriser ce qui apporte du bien-être et du contrôle aux patients.
  • de guider la recherche vers les thérapies les plus prometteuses.

Conclusion

Les « nuances de gris » rappellent que la médecine n’est pas figée. Certaines approches alternatives d’hier deviennent les traitements standards d’aujourd’hui (comme l’exercice physique). Un message clair : informés et accompagnés, les patients peuvent naviguer dans ces « nuances de gris » pour trouver l’équilibre entre espoir et efficacité.


Référence :
Alonso-Canovas A., Dekkers O.M., Bloem B.R. (2025). Shades of grey: The continuum of therapies for Parkinson’s disease along the spectrum of credibility. Journal of Parkinson’s Disease. DOI: 10.1177/1877718X251361441.

Cet article a été rédigé avec l’aide de l’intelligence artificielle ChatGPT d’OpenAI

Image générée par intelligence artificielle via ChatGPT d’OpenAI

La pleine conscience (Mindfulness) en neurologie : qu’en attendre ?

Mindfulness in neurology : what to expect ?

F. Tison

Institut de médecine intégrative et complémentaire, CHU de Bordeaux, université de Bordeaux, Bordeaux, France

Institut de maladies neurodégénératives, CHU de Bordeaux, université de Bordeaux, Bordeaux, France

Pratique Neurologique – FMC, Volume 15, Issue 4, December 2024, Pages 230-237

https://doi.org/10.1016/j.praneu.2024.10.004

– Quelques lignes explicatives :

Il existe un intérêt croissant en neurologie pour des approches complémentaires basées sur pleine conscience proposées sous la forme de programmes structurés et encadrés. Ces interventions sont accompagnées d’améliorations fonctionnelles et de changements d’activité et/ou de structure dans des régions cérébrales engagées dans les processus attentionnels, de régulation émotionnelle ou de conscience de soi. De manière générale ces interventions sont sûres et efficaces sur la composante de détresse émotionnelle et psychique associées aux maladies neurologiques. Il existe cependant certains effets plus spécifiques qui sont passés en revue dans cet article, concernant les douleurs neuropathiques, les migraines et céphalées, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique, la sclérose en plaques, l’épilepsie, le sommeil et l’accident vasculaire cérébral.